ITW - MHSC

Publié le par Deltort Nicolas

Gino Padula : « Etre solide avant tout »
L’arrière gauche argentin a rejoint les rangs du MHSC lors du mercato hivernal. Après des début prometteurs, quelques petits pépins physique et la sévérité des arbitres l’ont empêcher d’atteindre sa pleine mesure. Mais à n’en pas douter, le joueur gaucho peut être une pièce essentielle dans la lutte pour le maintien. Retour sur sa carrière bien fournie jusqu’à son arrivée à Montpellier.
REPERES :
NOM : Padula  - PRENOMS : Diego Gino Mauro
Age : 30 ans

Né à : Buenos Aires (Argentine) - Nationalité : italo-argentin

Taille : 175cm - Poids : 76 kg

Club : MHSC - Poste : Défenseur

Clubs successifs: River Plate (96-97), Huracan (97-99), Walsall (99-00), Wigan Athletic (00-01), Queen’s Park Rangers (02-05), Nottingham Forest (05-07) et Montpellier (07-?)

Gino, parle nous de tes débuts dans le football en Argentine…

J’ai commencé à neuf ans à River Plate où j’ai eu la chance d’effectuer toute ma formation jusqu’à 18-19 ans lorsque j’ai intégré l’équipe première. Il y avait une très bonne équipe à cette époque là et qui venait de gagner la Copa Libertadores 96 : Aimar, Ortega , Almeyda, Crespo, Salas, Saviola, Sorin et surtout Enzo Francescoli qui était mon idole. Un très grand joueur et une très grande personne faisant preuve de beaucoup d’humilité comme Zidane on dit. Il nous apportait beaucoup à nous les jeunes comme Ortega qui était déjà une étoile, sur le terrain mais aussi dans la vie et en tant qu’amis.

C’était un rêve pour toi de jouer à River mais tu n’y resta pas, pourquoi ?

Effectivement je suis supporter de River ainsi que toute ma famille. Pouvoir y jouer avec toute ses proches dans les tribunes c’est quelque chose de fort, un rêve de partager les entrainement et le vestiaires avec tous ces joueurs. Mais il y avait beaucoup de joueurs et j’étais barré à mon poste par Sorin, qui a mon âge, et par Placente qui étaient déjà très bons. Etant jeune, je voulais avant tout jouer et j’ai été prêté au club d’Huracán de première division, à Buenos Aires.

C’est aussi un des clubs historiques en Argentine, le 6e Grand comme on dit, non ?

Oui derrière les cinq historiques que sont River, Boca, Racing, Independiente et San Lorenzo, Huracán est bien présent. Il attire un grand nombre de supporters et son stade à l’ancienne, surnommé Le Palace, ressemble à l’ancien Wembley. J’ai eu le plaisir d’y jouer deux ans, nous avions une équipe très jeune. Cela a été une très bonne expérience

Tu as ensuite choisi l’Europe…

Oui car en Argentine, le rêve des jeunes joueurs est de venir en Europe pour s’améliorer. J’ai commencé une année en deuxième division espagnole à Jerez, une superbe ville à coté de Cadix et Séville, et surtout c’est là-bas où j’ai connu ma femme.

« Les anglais m'appelaient le gitan »

En partant ensuite pour l’Angleterre, tu n’as pas choisi la facilité…

Au début cela fut difficile pour ce climat avec de la pluie tous les jours, la nuit arrivant à 15h30 en hiver, les horaires des repas, la langue, le jeu avec le ballon qui ne passe pas par le milieu de terrain, c’était un changement radical. Aussi le fait d’être argentin dans un pays où l’on ne me promettait pas d’être le bienvenu du fait des problèmes politiques que vous connaissez entre les deux pays concernant la guerre des Malouines. Mais en fait, le public anglais est très respectueux et pour la passion avec laquelle les gens vivent le football, c’est un grand spectacle. Je n’ai jamais eu aucun problème, au contraire j’ai toujours eu de très bonnes relations avec les supporters. Les fans adverse ne m’insultaient pas pour le fait d’être argentin mais pour celui d’avoir les cheveux long ! Ils m’appelaient le gitan et demandaient où était ma caravane (rires)…C’est le folklore et cela n’a jamais dépassé cela.

Tu es finalement resté huit ans là-bas…

Au début je ne pensais y être que pour six mois. Un journaliste m’a dit un jour que je suis l’argentin ayant joué le plus longtemps en Angleterre. C’est que j’ai du bien me débrouiller.

A la fin des années 90, la manière d’aborder le football était en train d’être révolutionnée par Wenger et son approche diététique alors que souvent les anglais passaient pour de gros buveurs…Comment tu l’as vécu dans ton premier club de Walsall?

J’ai toujours cette anecdote qui me revient. Lors de mon premier hiver et deux jours avant Noël, nous nous entrainions car là-bas le football ne s’arrête pas. Le matin, le coach nous appelle dans son bureau, moi et un partenaire espagnol. Nous nous demandions ce que nous avions fait. Il nous a fait s’asseoir et ouvra un frigo pour en sortir des Bacardis Breezar en nous disant d’en profiter comme c’était les fêtes et que nos familles devaient nous manquer. C’était étrange, on s’est regardé mais nous avons bu par respect et parce que c’est une coutume. A dix-heures du matin et avant un entraînement ! L’équipe sortait aussi souvent au Pub. C’était bien pour s’intégrer.

Footballistiquement, tu as fini meilleur joueur de l’équipe dès ta première saison…

J’ai été en dedans les premiers mois car j’étais habitué au football argentin, à plus jouer avec le ballon. L’entraîneur de Walsall m’a dit d’entrée « toi tu ne passes pas le ballon au milieu, tu balance devant ». Je n’ai joué que la seconde moitié de championnat et j’ai quand même fini élu meilleur joueur pour ma première année dans ce pays, en tant qu’argentin…C’était super.

Après un passage à Wigan, tu as signé aux Queens Park Rangers en National où en trois ans tu es devenu une figure culte pour les supporters…

Cela a était ma plus belle expérience en Angleterre. Car j’y ai passé trois ans et car nous avons connu une finale de play-off à Cardiff pour accéder à la Ligue 2. Nous avions perdu mais jouer devant 72 000 personnes reste un souvenir inoubliable. Finalement nous sommes monté directement l’année suivante où j’ai joué quasiment tous les matches. Cela s’est joué lors de la dernière journée à Sheffield Wednesday. Il y avait 7000 de nos supporters dans le stade et autant en dehors comme dans le notre de Loftus Park à Londres. Nous étions à 0-0 en seconde mi-temps quand le grand écran annonça que notre rival pour la montée était en train de gagner. Finalement nous avons gagné 3-1 dans une superbe ambiance et j’ai fini dans le onze idéal de la PFA, ce qui était un grand moment aussi.

Tu étais réputé cette année là pour souvent marquer sur corner direct ou coup franc, non ?

C’est vrai, j’en ai marqué cinq ou six. Je travaillais beaucoup mais c’était aussi de la chance. Avec les joueurs grands de taille dans notre effectif j’ai aussi offert beaucoup de passes décisives ainsi.

Après ta troisième année au club et une honorable place en milieu de tableau de Ligue 2, tu as bizarrement quitté le club, pourquoi ?

Oui, ce fut la fin d’une très belle histoire avec une relation spectaculaire avec les fans. Tout était là pour que je reste. Mais le fait est que beaucoup de choses avaient changé au club dont le départ de nombreux joueurs et l’arrivée de nouveaux dirigeants. Puis se présentait aussi l’opportunité de jouer à Nottingham Forrest qui reste un club légendaire en Angleterre.

« Voir le drapeau argentin dans un stade anglais, c'est quelque chose »

Tu gardais pourtant QPR dans ton cœur puisqu’on t’as vu au milieu des supporters pour aller voir l’équipe jouer…

Oui, voir le drapeau argentin dans un stade anglais c’est quelque chose et la chanson que me dédiaient les fans me faisait beaucoup rire : « Il vient de River Plate…Et Maradona est son pote ! ».  J’étais avec eux pour un match non loin de Nottingham et un weekend où je ne jouais pas. Les gens ont été surpris de me voir au milieu d’eux mais pour moi c’était normal de me mêler au fans de QPR. Ici on va plutôt en latérale mais chez nous en Argentine, quand tu supportes un club, et même en tant que joueur, tu vas à la populaire. Maradona l’a fait à Boca ou encore Cavenaghi sur les épaules de la Barra Brava à River. C’est normal, on aime sentir l’ambiance. Malheureusement, à Nottingham on ne m’a jamais vraiment donné ma chance de jouer et de prouver ma valeur. Comme je voulais absolument jouer je n’y suis pas resté. Par l’intermédiaire d’un joueur français du club, j’ai été mis en contact avec Montpellier et me voilà ici aujourd’hui.

Comment s’est déroulé ton adaptation depuis janvier ?

Bien. C’est un club avec une histoire que je connais à travers des joueurs comme Valderrama, Blanc où mon compatriote Jose Luis Villareal. J’ai bien été accueilli et j’ai eu la chance d’avoir des partenaires parlant l’espagnol comme Bruno Carotti et Victor Hugo Montano ou le coach qui parle un peu anglais. Avec les autres c’est plus difficile et c’est comme à mes débuts en Angleterre.

Quelles premières impressions as-tu du football français et du club ?

C’est plus technique et les arbitres m’ont aussi surpris puisque j’ai déjà écopé de cinq cartons jaunes. Je n’en aurais pas eu un seul en Angleterre. Alors je joue un peu avec le frein à main. Sinon l’équipe et les gens du club m’ont beaucoup aidé et j’en suis reconnaissant. Au niveau football, je savais en arrivant que la situation n’était pas bonne. Dans toute équipe en bas de tableau, c’est difficile de jouer libéré et nous sommes plus nerveux. Mais bon, il nous manque deux ou trois victoires pour assurer le maintien, penser tranquillement à l’année prochaine et recommencer à zéro. Il faudra bien commencer l’année pour qu’il y ait plus de confiance et de sérénité afin de faire le meilleur travail possible.

Tu auras une autre année de contrat. Comptes-tu l’honorer ?

Bien sûr. Depuis que je suis arrivé c’est mon objectif. Malheureusement j’ai été un peu blessé lors de mon premier match face à Nice et cela m’a gêné au niveau du rythme. Mais bon, terminons tous ensemble en Ligue 2 et nous allons essayer de commencer fort l’an prochain.

« Il va falloir se sortir les poumons pour le maintien ! »

Le maintien peut être plus difficile que prévu après la défaite à Amiens…

Quand tu perds 4-1, il n’y pas grand chose à dire où d’excuse à trouver. Nous savons qu’on peut donner plus. Quand tu luttes pour monter comme Amiens, le point du match nul ne te sert pas. Mais quand tu luttes en bas de tableau comme nous, si ! C’est la mentalité à avoir. On a des matches difficiles à venir contre des équipes directement en concurrence avec nous. Il faut qu’on soit solide avant tout. Tous unis, je crois qu’on a l’équipe pour s’en sortir, avec de l’expérience et de la jeunesse. Tout le monde est d’accord pour dire que le club ne mérite pas d’être où il est actuellement mais il va falloir se sortir les poumons comme on dit chez moi. Rien ne sert de parler si on ne sort pas des résultats.

Il y a des airs d’Argentine dans les tribunes de La Paillade, non ?

C’est vrai que une ou deux chansons ressemblent à des airs de chants argentins. Je ne comprends pas les paroles et il faut savoir qu’en Argentine, les supporters font preuve d’une imagination extraordinaire en matière de chants.

Par contre on n’a pas les même barrabravas ici…Il semble que cette années les autorités footballistiques aient eu l’intention d’éradiquer ces supporters violents des stades argentins, non ?

Cela fait 25 ans que j’entends cela mais rien n’a changé. Cette année encore je ne pense pas que cela change malgré les interdictions de stade. Les barrabravas sont présents partout au sein du club pour qui ils travaillent bien souvent. Il y les supporters et les barrabravas, les violents, ceux qui tirent les ficelles de partout et peuvent appuyer des partis politiques ou des dirigeants. Tout ça c’est un business et c’est pour cela que cela sera difficile à éradiquer. Je crois que cela vient aussi de la société qui est corrompu. Regarde en Angleterre où il y avait des fans dangereux à l’époque. Ils ne sont plus dans les stades aujourd’hui. En Argentine, si…Les gens accumulent toute sorte de frustration durant la semaine et elle ressort une fois au stade.